Pour accueillir ces jeunes convenablement au sein de SCCM ALP, il faut pouvoir compter sur l’engagement de professionnels qui acceptent de devenir leur maître de stage . Rencontre aujourd’hui avec Mickael BASTIDE, Responsable de l’atelier et « Tuteur en série » !
Quel parcours professionnel as-tu suivi pour devenir Responsable d’un atelier de chaudronnerie industrielle ?
Après un BAC Pro « Réalisation d’ouvrages chaudronnés et structure métallique effectué à Saint Etienne, je me suis essayé au cours de ma vie professionnelle à tous les types de réalisations métalliques : bennes, enseigne, chaudronnerie traditionnelle, menuiserie métallique, four de crémation mobile, etc. ; et ce, dans plusieurs entreprises dont une en Angleterre. De la pièce la plus grossière à la finition la plus fine, ce qui m’a toujours plu c’est de partir d’un morceau de métal basique et d’être capable de fabriquer ce que je voulais avec. Ensuite, je me suis essayé au montage car je voulais voir ce qu’il se passait après la réalisation, pour mieux comprendre les difficultés rencontrées sur les chantiers, à la pose et à la mise en fonctionnement. C’est Nicolas GANZ, l’ancien chef d’atelier de SCCM ALP qui m’a contacté pour venir le rejoindre. Il m’a dit « Viens, ici on réalise des pièces de chaudronnerie gigantesques pour le traitement des fumées industriels : c’est de l’orfèvrerie grand format ! » J’ai tout de suite accepté… Je suis arrivé en 2019 et j’ai pris la responsabilité de l’atelier au départ de Nicolas en 2022.
Pourquoi acceptes-tu d’être régulièrement maître de stage ?
Ce que je veux d’abord, c’est transmettre un savoir-faire. Il faut penser au renouvellement des effectifs et permettre à des jeunes, qui sont encore trop souvent orientés vers des métiers manuels alors qu’ils ne savent pas ce que c’est, de se faire une opinion rapidement sur le métier de chaudronnier. C’est un métier extra mais il n’est pas fait pour tout le monde. En plus, l’éducation nationale ne nous autorise pas à leur faire faire grand-chose mais on essaie de leur montrer le plus d’aspect passible pour que leur orientation ne soit pas un choix par défaut mais une vraie opportunité pour eux.
C’est pour ça qu’accepter les jeunes en stage de 3e, c’est très important ! Même si, à ce moment-là, ce sont encore des bébés bien souvent… Je ne peux prendre que 2 stagiaires en même temps et pas du même niveau pour avoir le temps de m’occuper d’eux avec mon équipe. J’ai des collaborateurs dans l’atelier qui sont des artistes chaudronniers, tellement leur expérience est impressionnante. C’est une chance pour les jeunes de les rencontrer et de travailler à leur côté.
Systématiquement, je demande à mon stagiaire de fabriquer un petit bonhomme de métal. Ils doivent choisir le langage du corps, l’expression de la tête à partir d’un cube basique. Ils apprennent à concevoir et à réaliser. Pour les niveaux supérieurs, comme les bacs pros, les BTS etc., nous essayons de leur donner des choses plus complexes à faire : des garde-corps, des étagères, une rôtissoire …
A chaque fois, ces jeunes sont de belles rencontres humaines et j’aime me dire que j’ai pu leur mettre un pied à l’étrier professionnel (et leur faire lâcher leur téléphone portable quelques instants !)
Selon toi, y a-t-il de l’avenir pour la chaudronnerie industrielle en France ?
Les métiers manuels sont extrêmement concurrencés par le coût de la main-d’œuvre beaucoup plus faible dans les pays étrangers comme la Pologne, la Turquie etc. Nos forces restent cependant notre technicité et notre fiabilité.
Nous aurons toujours besoin de savoir travailler le métal dans des conditions de plus en plus complexes. Pour moi, l’avenir sera aux têtes bien faîtes, agiles de leurs mains, et capables de bon sens. Je ne crois plus qu’on fera sa carrière dans une seule entreprise mais qu’au contraire, on s’enrichira mutuellement entre entreprises de l’UIMM et de la French Fab par le mouvement de nos collaborateurs et le développement de leur expertise.